La Jaguar Mark X de 1963
- Pascal Cabaret, Hesto.fr
- 21 juil. 2017
- 3 min de lecture

Deux tonnes à 200
Lorsque jaguar conçoit à la fin des années 50 une grande berline, elle est pensée pour plaire au marché américain, principal débouché de la firme de Coventry.
Sir William Lyons va faire réaliser une maquette grandeur nature pour l'étude des volumes d'un nouveau modèle, chaque détail devant être examiné à la lumière naturelle avant de recevoir son approbation.
Le style se doit d'être moderne mais en conservant l'identité britannique. Côté technique, l'héritage de la marque en compétition servira pleinement.
La Mark 10 sera présentée pour la première en public au salon Londonien en octobre 1961.
Avec 5,15 m de long et 1,93 de large mais seulement 1,38 de haut, ses mensurations imposantes donnent toute son agressivité mesurée mais surtout son élégance.
Structurellement la coque est réalisée chez Pressed Steel, elle est extrêmement rigide, avec un tablier avant et des longerons généreusement calculés, on pourrait d’ailleurs enlever le toit et faire un cabriolet sans risque sérieux de torsion.
Parenté Sportive
Coventry n'a pas lésiné pour son nouveau haut de gamme, le 6 cylindres de la jaguar type E présenté quelques mois auparavant à Genève est repris intégralement avec sa culasse « Straight port » et ses trois carburateurs SU. La Mark 10 3,8 affiche la douce puissance de 265 ch SAE.

La type E lui partage également la suspension arrière indépendante, la mark 10 bénéficie ainsi d'un train arrière particulièrement sophistiqué, chaque demi arbre moteur faisant office de bras supérieur encadré de doubles combinés ressorts-amortisseurs, avec les freins à disques accolés au carter du pont, l'ensemble est supporté par un berceau en acier fixé directement à la caisse par quatorze boulons et donc amovible en cas d’intervention majeur.

A l'avant elle reprend la double triangulation déjà vue sur la mark 2 mais ici simplifiée par l'absence de berceau, les ancrages se faisant sur une traverse unique. Les assistances de direction et de freinage sont confiées à un soufflet Dunlop sous licence américaine Kelsey-hayes, prenant effet sur la dépression du moteur sans aucune liaison avec le circuit hydraulique, un système simple et fiable mais d'une efficacité limité. Deux boites seront proposées, manuel Moss avec option overdrive possible ou automatique Borg-Warner DG.
Pour finir en série elle était également équipée d'un différentiel à glissement limité Thornton Powr-Lok.
Avant sa commercialisation cette Jaguar fut longuement testée sur de discrètes routes des Landes et du Pays Basque.
Sa production
La Mark X fut commercialisée d'octobre 1961 à août 1964 et produite à 12971 exemplaires.
Une version 4,2 lui succédera jusqu'en décembre 1966 ainsi que la 420G de octobre 1966 à août 1970.

Un salon Splendide
En ouvrant la porte, les effluves de bois et de cuir Vaumol de chez Connolly vous envahissent.
On apprécie la multitude de commodités, miroirs, espaces de rangements, larges tablettes arrières, un régal.
La planche de bord entièrement en ronce de noyer aux compteurs Smiths, les nombreux interrupteurs et boutons vous invitent au voyage.
On tourne la clé de contact, bouton de démarreur : le six en ligne de la type E se lance, starter automatique enlevé, le fauve ronronne doucement et sans vibration, sa discrétion nous oblige à avoir un œil sur le compte-tours pour nous rappeler qu'il est réveillé.
On passe la première, sur un filet de gaz on s'échappe, on oublie vite ses dimensions extérieures, la direction assistée, relativement directe la rend véritablement plus maniable que bien des petites modernes. Les 4 rapports passent sans difficulté, à 90 km/h on appui sur le levier de l'overdrive, 120, 130 on stabilise, les petits bruits d'air provenant des ouvrants se font entendre.
Un appui sur le joli inter métallique ouvre la vitre électrique, le bras à la portière, on cruise comme dans une moderne. Pas de clim, mais la voiture est bien ventilée, les fenestrons sont redoutables d'efficacité.
Les fins montants du pare-brise panoramique rendent la vision aisée sur les angles contrairement aux rétroviseurs qui n'ont d’intérêt que leur présence. Un œil sur les différentes jauges indique la bonne santé du vaisseau. On peut admirer les délicieuses courbes des ailes avant qui nous ramènent vers ce capot interminable pour finir vers la mascotte qui trône fièrement, prête à bondir.
Cette grande berline nous fait rapidement oublier son poids et ses dimensions pour nous procurer un véritable plaisir de conduite.
A l'arrière un véritable canapé vous accueille avec de grandes tablettes bois munies d'un large miroir, on admire chaque cinématique d'ouverture tellement belle en métal ou laiton.
Le coffre immense peut quand à lui accueillir deux ou trois personnes malgré la présence de ses deux réservoirs latéraux de 40 litres chacun.
Rencontrer une Jaguar Mark X ne peut laisser indifférent, chaque sens sera sollicité.
La conduire vous laissera un souvenir impérissable ou plaisir et satisfaction ne s'expliqueront pas.
Il y a des voitures comme cela et elle en fait partie.
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